Construction de résidences étudiantes : massifier la production et diversifier les modèles

Alors que seuls 25 % des étudiants décohabitants disposent d’un logement adapté, se loger est devenu un enjeu majeur d'égalité sociale. Le Groupe CDC se mobilise pour accélérer la production de logements avec son programme Action Groupe « AGir pour le Logement Étudiant (AGiLE) » et débloque 5 Md€ pour produire et rénover 75 000 logements d'ici 2030, combinant différents leviers de financement adaptés à l'urgence.

Une tension de plus en plus forte sur le logement étudiant

La France n'a jamais compté autant d'étudiants. Entre 2013 et 2023, les effectifs ont augmenté de 22 % pour atteindre 3 millions de jeunes en études supérieures. Déjà carencée, l'offre de logements dédiés aux étudiants n'a pas suivi la même progression et la tension sur le logement s'est donc accentuée. 

Aujourd'hui, 65 % des étudiants décohabitent, c'est-à-dire qu'ils quittent le domicile familial, et seulement un quart d'entre eux résident dans des logements dédiés grâce aux 180 000 places CROUS, 60 000 logements sociaux, et 140 000 logements dans des résidences privées à loyer libre.

Un déséquilibre structurel entre offre et demande

L'offre de logements étudiants dédiés ne couvre qu'environ 13 % de la demande et le parc conventionné pèse près de 60 % de l'offre en logements dédiés. Dans le parc libre, les niveaux de loyers sont en moyenne 35 % plus élevés que dans le parc conventionné.

Entre la difficulté à trouver un logement et la contrainte financière, de nombreux étudiants se retrouvent en situation de précarité. Faute de solutions abordables, certains interrompent leurs cursus ou prennent un travail au détriment de leurs études :

  • 17 % des 18-24 ans déclarent avoir abandonné leurs études en raison du prix des logements ;
  • 44 % des étudiants exercent une activité rémunérée en parallèle de leurs études ;
  • 44 % des étudiants présentent des signes de détresse psychologique.

Financer le logement étudiant : leviers et solutions pour répondre aux besoins

Pour répondre aux besoins croissants de logements étudiants, plusieurs leviers de financement complémentaires sont mobilisables par les acteurs engagés pour le droit à un logement décent.

Un large panel de solutions adaptées au contexte projet

Le Groupe Caisse des Dépôts (CDC), avec un pilotage Banque des Territoires, concentre son soutien sur la création de logements conventionnés, afin de renforcer l’offre abordable à destination des étudiants aux revenus les plus modestes, mais également le renforcement de l’offre de logements intermédiaires ou libres.

Dans le cadre de leur intervention historique sur le logement social, les prêts sur fonds d’épargne soutiennent la construction, la réhabilitation et la transformation de résidences étudiantes. Ils sont destinés aux bailleurs sociaux, CROUS et collectivités, et offrent des conditions avantageuses : maturités longues, tarification unique quelle que soit la qualité de l’emprunteur, accompagnement dans le montage et l’ingénierie des projets. 

Aussi, les investissements en fonds propres permettent de consolider les montages financiers, d’attirer d’autres partenaires publics ou privés, et de faciliter le lancement d’opérations sans alourdir l’endettement des structures. Ils jouent un rôle d’accélérateur sur un marché où les besoins en construction de résidences étudiantes sont urgents.

Les crédits d’ingénierie territoriale soutiennent quant à eux les études d’opportunité, de faisabilité et de programmation indispensables à la réussite des projets. Ils aident les acteurs locaux à identifier les fonciers mobilisables, à mieux planifier les interventions et à sécuriser les montages pour éviter les erreurs coûteuses.

En complément, certaines opérations peuvent bénéficier de subventions publiques – nationales, régionales ou locales – en complément des prêts et investissements. Par exemple, la Région Île-de-France soutient la création nette de logements étudiants par construction ou transformation d’immeubles, jusqu’à 20 % de la dépense subventionnable.

L’investissement privé : un moteur complémentaire mais sélectif

En parallèle, l’investissement privé constitue un second pilier du financement, principalement orienté vers les résidences privées à loyers libres. Ces logements non conventionnés incluent souvent des services tels qu’internet, laverie, salle de sport ou cafétéria et s’adressent à un public étudiant disposant de revenus plus élevés.

Les principaux mécanismes mobilisés sont :

  • le financement bancaire classique et fonds d’investissement de grands promoteurs immobiliers et exploitants spécialisés ;
  • l'investissement individuel, notamment via le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP), apprécié pour sa sécurité locative et ses avantages fiscaux.

Si l’investissement privé a permis de produire rapidement des logements et de répondre à la demande dans les zones urbaines tendues, il ne résout pas la pénurie qui touche les étudiants les plus modestes, confirmant l’importance d’un parc social conventionné solide et soutenu par le Groupe CDC.

Le programme AGiLE : une réponse concrète à la crise du logement étudiant

Pour répondre à la pénurie de logements étudiants et limiter la rupture d’égalité sociale, le Groupe CDC et la Banque des Territoires ont travaillé avec l’ensemble des acteurs du secteur

  • l’USH (Union sociale pour l’habitat) ;
  • la Fédération des ESH (Entreprises sociales pour l’habitat) et la Fédération des OPH (Offices publics de l’habitat) ;
  • le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche ainsi que le ministère du Logement ;
  • le CNOUS et les CROUS ;
  • les universités et les grandes écoles ;
  • les collectivités locales, la Fédération des élus des EPL ;
  • les filiales du Groupe CDC (CDC Habitat, Icade, La Poste Immobilier, La Banque Postale, La Poste Habitat, le groupe SCET, Egis, Toits Temporaires Urbains) ;
  • les opérateurs privés.

Cette mobilisation collective a permis de dresser un diagnostic précis, d’établir un état des lieux des besoins et de proposer des solutions adaptées pour répondre à la crise du logement étudiant

Concrètement la démarche a donné naissance au programme AGir pour le Logement Étudiant (AGiLE), déployé depuis septembre 2025.

Le programme AGiLE vise à répondre au déficit d'offres de logements étudiants sur tout le territoire. Il ambitionne d'accompagner la production et la réhabilitation de 75 000 logements étudiants d'ici 2030, soit +20 % par rapport à l'offre actuelle.

Isabelle Bonnaud-Jouin, directrice de l'économie mixte et du programme AGiLE de la Banque des Territoires

Pour relever ce défi, le Groupe CDC a mobilisé plus de 5 Mds€ en activant différents leviers :

  • 3,5 Mds€ en prêts sur fonds d’épargne pour financer la construction et la rénovation de logements étudiants ;
  • 1,5 Md€ d'investissements en fonds propres, apportés à 50 % par la Banque des Territoires et à 50 % par plusieurs filiales du groupe Caisse des Dépôts dont CDC Habitat et Icade ;
  • 20 M€ de crédits d'ingénierie territoriale pour soutenir les acteurs dans le montage des projets et accélérer les opérations.

Construire et réhabiliter 50 000 logements conventionnés

Afin de construire et réhabiliter plus de 50 000 logements sociaux destinés aux étudiants, la Banque des Territoires prévoit d'accorder 3,5 Mds€ de prêts sur fonds d'épargne aux CROUS et aux bailleurs sociaux.

En complément du prêt PLS au taux du Livret A +1,11%, les CROUS ont aujourd’hui accès au prêt PHARE au taux du Livret A +0,6%, en index révisable ou à taux fixe, pour financer la construction de résidences universitaires. Désormais, l'accès à ce prêt PHARE a été élargi aux organismes de logements sociaux. Ces prêts sont distribués sur des maturités longues, jusqu'à 80 ans pour le foncier et jusqu'à 40 ans pour le bâti.

Marie Losset, responsable du Service Habitat Spécifique à la Direction des prêts de la Banque des Territoires

Pour les programmes de réhabilitation, deux prêts sont proposés pour le patrimoine conventionné APL : le Prêt à l'Amélioration (PAM) et l'Éco-prêt pour la réhabilitation thermique.

Construire et réhabiliter 25 000 logements intermédiaires et libres

Le manque de logements étudiants était, en partie, compensé par l'offre sur le marché du logement familial. Ce n'est plus vrai aujourd'hui car ce marché connaît lui aussi des tensions. D'où l'importance de soutenir l'immobilier privé grâce au produit logement étudiant intermédiaire et libre.

Isabelle Bonnaud-Jouin, directrice de l'économie mixte et du programme AGiLE de la Banque des Territoires

Ainsi, l'offre de prêts de la Banque des Territoires s'ouvre aux acteurs privés. Les promoteurs de résidences étudiantes sont éligibles au prêt PLI au taux du Livret A +1,40% sur des maturités jusqu'à 50 ans pour le foncier et 30 ans pour le bâti. Sur le volet réhabilitation, le prêt PHARE est accessible au patrimoine non conventionné.

Optimiser l’accès au foncier pour accélérer la construction de résidences étudiantes

Le foncier reste une problématique majeure de la production de nouveaux logements étudiants. De fait, il soulève de nombreuses questions, notamment le respect de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), l’acceptabilité des projets, l’équilibre économique des opérations… 

Bien aborder ce sujet nécessite d'établir un schéma directeur patrimonial et de valorisation foncière afin d'évaluer les fonciers stratégiques, de recenser les friches à requalifier et les fonciers mutables, de développer des projets d'urbanisme transitoire ou encore de densification.

À l'attention des collectivités, des universités, des grandes écoles, des EPL, des EPA…, la Banque des Territoires apporte donc ses compétences et ses moyens financiers pour effectuer ce travail de diagnostic et explorer des modèles partenariaux pour le montage d'opérations.

Repenser les modèles pour accélérer la construction de résidences étudiantes

Pour préparer l'avenir, les acteurs du secteur doivent être en mesure de lever certains freins et d'innover. La Banque des Territoires leur permet d'envisager de nouvelles façons de construire des logements étudiants en octroyant des investissements et des crédits d'ingénierie pour :

  • l'accompagnement des études d'opportunité et de faisabilité liées au foncier, à la réhabilitation, à la densification par la surélévation, aux nouveaux usages, à l'amélioration des modèles économiques…,
  • la création de filiales communes avec les CROUS et les OLS pour optimiser le portage du foncier, massifier les opérations et in fine accélérer les productions.

La pénurie actuelle de logements étudiants pénalise les chances de réussite et aggrave la précarité des étudiants. Pour rétablir l'égalité, chaque étudiant doit pouvoir se loger dignement en fonction de ses moyens. C'est pourquoi le Groupe CDC déploie le programme AGiLE, sous le pilotage de la Banque des Territoires. L’objectif est urgent : massifier la production de logements dans les cinq prochaines années grâce à un effort inédit de 5 Mds€ afin de mener des actions concrètes sur un marché en crise et d'inventer des solutions d'avenir.

Les expertes

Isabelle Bonnaud-Jouin

Directrice de l'économie mixte et directrice du programme Agir pour le Logement Etudiant (AGiLE) de la Banque des Territoires

Titulaire d'un DESS Aménagement du Territoire & Urbanisme et diplômée de l'Ecole de Management des directeurs de SEM, Isabelle Bonnaud-Jouin intègre le groupe Caisse des Dépôts en 2018 comme responsable du pôle Entreprise Publique Locale. Depuis mars 2025, elle est directrice de l'économie mixte et directrice du programme Agir pour le Logement Etudiant (AGiLE).

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Marie Losset

Responsable du Service Habitat Spécifique à la Direction des prêts de la Banque des Territoires

Diplômée de Sciences Po Toulouse et de l'Institut régional d'administration (IRA) de Metz, Marie Losset rejoint le Groupe Caisse des Dépôts en 2010 en tant que chargée des ressources humaines. Elle occupe ensuite tour à tour les postes d'analyste financier, de cheffe de projet Logement Social, de responsable du pôle Conception et Adaptation de l'Offre Logement Social, de chargée de développement territorial, et de responsable Grands comptes OLS. En mars 2024, Marie Losset est nommée responsable du Service Habitat Spécifique.

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